Entretien avec Antoine ALEA

D 'où  venez-vous  ?

Bisontin de naissance, je suis fier de la devise de ma région « Comtois rends-toi, nenni ma foi » ! Ma famille est originaire de Bourgogne du côté de mon père et de Franche-Comté du côté de ma mère. Mes ancêtres bourguignons étaient paysans, les francs-comtois étaient commerçants et vignerons.
J’ai quitté ma région à l’âge de 21 ans pour mon premier emploi au ministère des affaires étrangères où j’y ai exercé pendant une vingtaine d’années dont une dizaine d’années à l’étranger (Hanoï, Port-of-Spain, Washington et Moscou). Après des études écourtées, je les ai reprises tardivement pour passer les concours internes de la fonction publique et devenir haut fonctionnaire. J’ai ainsi exercé ensuite au sein des ministères économiques et financiers, dans les services du Premier ministre et au ministère de la transition écologique. Aujourd’hui, en tant que coach, superviseur et médiateur, j’accompagne les cadres supérieurs et dirigeants dans leurs projets professionnels.
Catholique du fait de mes antécédents familiaux, je suis parcouru par des réflexions religieuses et je me sens proche de l’orthodoxie et du bouddhisme.

Pourquoi écrivez-vous ? que cherchez-vous ?

J’ai commencé à écrire tardivement, à plus de cinquante ans. Pour moi, l’écriture est une manière de poursuivre ma thérapie, de mieux me connaître. Elle participe de mon travail sur moi qui permet de rentrer en relation avec les humains et d’accéder au monde. Écrire, c’est penser les rencontres, penser les relations humaines et avec le monde vivant. Idéaliste je rêve d’un monde où chacun trouverait sa place.
Je ne cherche rien de particulier en écrivant. Les rencontres au quotidien nourrissent le monde que j’aime dépeindre. Celui que l’on nous présente n’est pas toujours tel qu’il est effectivement. Dénouer les fils de l’histoire, s’intéresser aux organisations, aux systèmes, à ce que l’on nous propose comme vie sous tous ses aspects est au cœur de mes passions d’écrivain. Dans quel monde vivons-nous exactement ? Comment nous influençons la pensée de nos lecteurs pour leur permettre de voir plus clair sur la marche du monde et pour leur donner envie de créer un monde plus juste ? Autant de questions sans réponse car les lecteurs trouvent des clés insoupçonnées dans les ouvrages des auteurs.

Pourquoi avez-vous choisi ce genre littéraire  ? 

Le roman est le genre littéraire où je me suis senti libre de m’aventurer. C’est le chemin de ma liberté qui forme mon monde imaginaire. Épris de liberté, j’ai mal à l’homme, celui qu’il devient dans ce monde impossible.
J’ai terminé récemment une trilogie consacrée au monde de l’ombre, à savoir de la diplomatie et des services secrets (« Le quai ne répond plus », « Retour à Moscou » et « Le Carnet secret du dernier Tsar »). Comment ces mondes s’entremêlent, comment les décisions nous concernant nous impactent au quotidien, combien d’êtres humains disparaissent pour nous donner la chance de vivre dans un monde encore un peu libre, malgré tout ce qui pèse sur nos têtes dans nos pays et nos organisations respectifs ? Autant de questions sans réponse.

Quel message voulez-vous faire passer, que voulez- vous transmettre ?

L’objectif de mes romans n’est pas de faire passer un message. Mais s’il devait y en avoir un, ce serait peut-être celui-ci : le monde est complexe et il y a bien lieu de poser les pièces du puzzle pour tenter de comprendre sa marche. L’humain est en danger, non seulement parce que l’on nous dit que le climat est en train de changer mais tout simplement parce que l’humain souhaite devenir immortel et est prêt à renoncer à sa liberté au nom de l’intelligence artificielle générative. Le grand danger de notre humanité est à cet endroit.

Etes vous heureux d'écrire ou est-ce un fardeau ? (j'adore celle-la)

Si l’écriture devait être un fardeau, je suppose qu’elle aurait déjà disparu à tout jamais. Jouer avec les mots, voir ce que chacun des lecteurs veut comprendre avec les mots de l’auteur, quelle belle aventure !